Pierre Eckert, Météorologue émérite, Météosuisse

Août 2020

L’Atlantique Nord est connu pour le développement rapide de dépressions qui sont habituellement générées à la limite de l’air polaire et de l’air tropical, limite connue sous le nom de front polaire. Cette rupture de température se trouve à des latitudes situées autour de 50°N en hiver et plutôt autours de 60°N en été. Mais il peut arriver même en été que des dépressions vigoureuses se développent à des latitudes plus basses. C’était le cas le 19 août avec une profonde dépression qui est venue se loger au centre de l’Irlande, à une latitude proche de 50° donc.

Une séquence par pas de 12 heures est montrée sur la figure. Le 19 août à 12h, la dépression pointe au milieu de l’Atlantique avec une pression de 982 hPa. Etant suffisamment profonde, le service météorologique britannique lui donne un petit nom, Ellen, et active l’ensemble des dispositifs d’alerte puisque qu’il est prévu qu’elle se déplacera vers les Iles britanniques. Forts vents et fortes pluies seront au rendez-vous. 12 heures plus tard, on retrouve en effet la dépression, qui s’est creusée jusqu’à 972 hPa, sur l’Irlande. En fait, le service météorologique irlandais a même relevé une pression de 966.4 hPa, ce qui est très rare pour la saison et pourrait même constituer un record.

Les vents sont restés soutenus une bonne partie de la journée du 20 août, mais le cœur de la dépression s’était déjà éloigné. Un autre noyau dépressionnaire est apparu à 0 heures le 21 août avec à nouveau une pression très basse de 973 hPa. Un deuxième épisode de vents puissants a été généré à cette occasion. La dépression a ensuite perdu de sa vigueur, tout en s’éloignant en direction de la Scandinavie.

Un bilan de l’événement du point de vue irlandais peut être trouvé sous https://www.met.ie/cms/assets/uploads/2020/08/StormEllen-003.pdf (fichier pdf à télécharger).