Rio de Janeiro

Rio de Janeiro

Tamires et Vinicius, nos hôte/équipier brésiliens arrivés le 25 février, nous pouvions quitter Salvador de Bahia. Mais il fallait encore sortir administrativement de l’état de Bahia auprès des autorités maritimes militaires. Les processus d’entrée et sortie de chaque état au sein du Brésil (un état fédéral) sont quelque peu aléatoires, ils demandent du temps et de la patience. Pour sortir de Bahia, il faut marcher sous le soleil jusqu’aux terrains de la marine, en pantalons longs, recevoir un badge du planton de service et se présenter à la capitainerie du port en ayant enlevé son chapeau. Il faut se faire comprendre, personne ne parle anglais. Grâce à Vinicius cela s’est bien passé, nous avons dit d’où nous venions et où nous allions. Nos papiers de Recife ont été examinés et quelques dizaines de minutes plus tard le papier demandé nous a été tendus. Nous devrons le présenter en arrivant dans l’état de Rio, à Buzios. Nous avons passé la nuit au mouillage devant la marina pour partir tôt le jour suivant, le 26 février. L’étape nous menait vers Barra de Sao Paolo une quarantaine de milles plus au sud. Nous étions restés longtemps à Salvador saoulés de musique et étions heureux de retrouver la mer et le bruit de l’eau le long de la coque de Gaia.

Départ de Salvador

A Salvador, autour du 15 février le soleil, qui commence sa remontée vers le nord pendant l’hiver (boréal), est passé à notre zénith à midi, il n’y avait pas d’ombre portée à midi. Notre route descend vers le sud alors que le soleil poursuit sa course vers le nord entre décembre et juin.  Avant ce jour et depuis le début de notre navigation en Islande, le soleil était dans notre sud à midi comme à Genève tout au long de l’année ; à partir de cette date et pour le reste de notre voyage, à midi, le soleil sera dans notre nord. Cela implique qu’au fil de la journée il se déplace vers la gauche quand on est tourné vers lui et non vers la droite, plus déroutant qu’il n’y paraît. Ce n’est pas le seul changement de repère auquel nous devons nous habituer. La verticale des lieux que nous parcourons est orientée vers le sud et non plus vers le nord. En conséquence, la force de Coriolis est inversée par rapport à l’hémisphère nord. Ceci est sans effet notoire sur les baignoires, mais cause une inversion de la direction des vents autour des dépressions ; il faut donc réapprendre à lire les cartes météo et à localiser les dépressions. Sur un autre chapitre, le long des côtes américaines de l’Atlantique, le continent est à notre ouest -à droite en descendant vers le sud-, et non, comme en Europe, à l’est. Trivial, mais encore la perte d’un repère familier. Pour couronner le tout, les couleurs rouge et vert ont des rôles inversés en Europe et dans les Amériques : on trouve ici le rouge à droite en entrant dans un port ou un chenal et le vert à gauche.  Il faut garder les yeux bien en face des trous dans les approches de nuit. Si tout ceci vous donne le tournis, soyez rassurés, c’est pleinement normal. Nous ne pouvons qu’espérer nous habituer, sans être aidés en ceci par des cellules grises vieillissantes.

Barra de Sao Paolo est une longue plage sur la rive d’un estuaire au sud de Salvador de Bahia. Nous avons mouillé notre ancre devant la plage pour un bain, une soirée tranquille et une nuit paisible. Les plages brésiliennes sont peuplées d’hommes et de femmes, comme partout. La plupart des hommes portent des shorts similaires à ceux que nous voyons sur les plages européennes. Les femmes portent des bikinis fort succins. Il nous fut raconté que les bikinis ont diminué de surface en réaction à des actes gouvernementaux : les bikinis ont décru en parallèle à la diminution des crédits culturels de l’époque. Que cette histoire soit vraie ou non, le résultat est une population dont les femmes semblent  fort bien dans leur peau, sont épanouies et font plaisir à voir. Imaginez un tel mouvement chaque fois que la Confédération diminue les crédits de la science !

L’étape suivante nous a amené à Camamu, l’estuaire du rio Marau, une cinquantaine de milles plus au sud. Une belle navigation dans les alizés sur une mer agitée. L’ami d’un de nos nouveaux amis de Salvador nous avait fait savoir qu’il avait un ami qui pourrait mettre un corps mort à notre disposition dans cet estuaire. Tous les personnages de cette chaîne étant d’excellents navigateurs, je ne doutais pas que le corps mort fut adéquat pour Gaia ; nous avons donc accepté l’offre, mais il était nécessaire qu’un plongeur cherche l’amarre au fond de la mer et l’attache à une bouée pour nous permettre de saisir le cordage. Ce fut organisé par Rato, un de ces amis d’amis, que nous n’avions pas encore rencontré. Il m’a donné les coordonnées précises du corps-mort que j’ai reportées sur la carte. Nous sommes partis de Barra de Sao Paolo relativement confiant que nous trouverions l’amarrage en question et qu’il serait solide. En arrivant dans l’estuaire, nous avons longé l’île de Camamu en slalomant entre les bancs de sable et, au contour du dernier, nous avons fait route vers le point indiqué, Sapinho, où flottait effectivement un bidon blanc qui indiquait notre corps mort. Il était fort proche d’un haut fonds, mais l’amarre était suffisamment courte pour que nous ne nous échouions pas. L’annexe à l’eau nous sommes allés dans un bistrot indiqué comme un contact de l’ami de l’ami de notre ami. Nous y avons dîné d’une moqueca, le plat de la région fait de crevettes et de poisson, accompagné d’une feijoada -une préparation de fèves- et de riz, après avoir bu une solide caïpirinha. Ce n’était pas la dernière fois que nous bénéficierions du réseau généreux des (peu nombreux) navigateurs hauturiers brésiliens.

Mangrove

Le rio Marau vient du cœur de la forêt atlantique brésilienne, une forêt dense d’arbres de toutes tailles en strates successives, du buisson à la haute futaie et de tous les verts dans laquelle des oiseaux, de belles  aigrettes entre autre, se distinguent et moults animaux invisibles font constamment un bruit intense. Nous sommes remontés le fleuve jusqu’à la limite des eaux cartographiées et avons déjeuné ancrés devant la mangrove. Un homme remontait le fleuve en pagayant flegmatiquement dans une longue pirogue creusée dans un tronc en rasant la mangrove. Le fleuve, la forêt, la mangrove, le bruit, la pirogue, nous avions rejoint le monde de l’Oreille cassée. De retour à Sapinho, nous avons amarré notre annexe sur le ponton de bois branlant d’une terrasse pour une bière bienvenue. La conversation avec les maîtres des lieux nous a permis de nous promener dans le village sans nous comporter en voyeurs. Le village est serré entre fleuve et forêt le long d’une rue sablonneuse très étroite. Il n’y a pas de voiture, l’essentiel de la mobilité passe par le fleuve et les pontons.  La rue se faufile entre de très petites maisons basses et colorées, le plus souvent ouvertes et sans fenêtre. La vie quotidienne se déroule en apparence paisiblement entre les pièces ouvertes et les jardinets. L’endroit vit d’un peu de pêche et des terrasses qui permettent de proposer du poisson aux visiteurs en provenance des villes de la région qui arrivent en groupe sur des bateaux traditionnels de la région ; les étrangers sont pratiquement inexistants. L’installation de l’électricité, il y a une douzaine d’années seulement a permis de réfrigérer le poisson et donc de le conserver plus de quelques heures, une bénédiction pour la gestion des stocks. La musique du nord brésilien résonne ici aussi à fort volume, merci à l’électricité. Quand elle se tait, les bruits de la forêt reprennent le dessus.

Sapinho, rue du village
Pêche dans le rio Marau

Les navigations le long de la côte brésilienne sont souvent longues de deux jours et plus. Nous sommes donc souvent dehors la nuit ! Parfois -régulièrement- ces nuits sont sans lune. Quand le ciel est libre de nuages, les nuits sombres sont somptueuses, la voie lactée traverse le ciel de part en part, Orion, est au zénith en début de nuit et tombe vers l’ouest au fil des quarts, Vénus brille en début de nuit. Le Grand Nuage de Magellan, une petite galaxie voisine de la voie lactée, qui ne se voit que dans le ciel de l’hémisphère sud, se distingue haut dans le ciel. Je connais fort peu les constellations du ciel sud qui ne nous est pas familier, non que je connaisse particulièrement bien les constellations du ciel nord, mais l’habitude de le voir nous l’a rendu familier. Lorsque la lune se lève seules les étoiles les plus brillantes se voient encore, mais l’horizon devient perceptible, ce qui rend la veille beaucoup plus aisée pour l’équipe de quart.

La matinée suivante fut paisible avant de reprendre la mer pour 250 milles vers les îles Abrolhos, un minuscule archipel sur un large haut-fond à une trentaine de milles de la côte. Il n’y avait que 5 à 10m d’eau sous la quille pendant les dernières heures de navigation. Même les deux îles un peu plus grande de l’archipel sont trop petites pour que l’abri soit sûr par tous les temps : on ne vient ici que par une météo stable. L’archipel est partagé entre un parc naturel et une zone contrôlée par la marine. Il est requis d’appeler avant d’arriver pour être autorisé à accoster sur l’une ou l’autre partie. La marine n’a pas répondu à nos appels, les employés du parc nous diront que leur installation VHF est vétuste, mais les gardiens du parc nous indiquèrent un corps-mort pour la journée. Ils nous invitèrent à les rejoindre sur la rive de l’île inhabitée devant laquelle nous étions mouillés. Une femme et deux stagiaires nous ont raconté le parc puis l’un d’eux nous a emmené faire le tour de l’île. Crapahuter sur des rochers mouillés en tongs fut un peu précaire mais marcher à quelques dizaines de centimètres de fous de Bassan nullement apeurés est fascinant. Il y en a deux espèces, les blancs et les bruns, nous l’avions constaté en mer. Les mâles sifflent, nous dit notre guide, tandis que les femelles cancanent. Les mâles et les femelles de probablement toutes les espèces animales, pas seulement les fous de Bassan, ont des caractéristiques, des expressions et des comportement différents. Il est donc étonnant de voir que depuis quelques années nos sociétés demandent aux femmes d’être des hommes comme les autres et réciproquement. Tous devant gommer les différences d’expression que d’aucuns pourraient associer au sexe tant de l’orateur que du sujet traité. C’est à croire que nos sociétés négligent le savoir qu’une simple observation de la nature nous procure ! De retour à bord, bain dans des eaux chaudes et d’une grande clarté. De grands poissons nagent doucement dans l’ombre de Gaia.

Frégattes

Le soir nous changeons de mouillage pour rejoindre la protection de la partie militaire de l’archipel, sous l’île de Santa Barbara, la plus grande de l’archipel. Nous n’avons l’autorisation de nous rendre à terre que le jour suivant à 17h30 pour participer à la mise en marche du phare sous la houlette des militaires. Nous nous y sommes rendus en même temps que les équipages et hôtes de deux bateaux venus de la côte. L’un est un « schooner » traditionnel en bois sur lequel les hôtes dorment dans des hamacs suspendus sous un toit de tôle. L’autre, un catamaran, promène des plongeurs qui viennent admirer les dessous de la région. Le coucher du soleil sur une mer bleue au moment de la mise en marche du phare sous les hourras des spectateurs est orange à souhait derrière la plage et ses palmiers. Une véritable carte postale.

Phare de Abrolhos

Le départ suivant se fait dans l’après-midi pour arriver dans la matinée deux jours et demi plus tard à Buzios. Buzios et le Cabo Frio voisin (qui n’a de froid que le nom) sont situés à l’endroit où la côte devient est-ouest, de nord-sud qu’elle est plus au nord. Cette configuration orographique cause un sérieux renforcement des vents aux abords du cap, même par beau temps. Nous en tenons compte et portons une garde-robe adaptée aux vents de force 6 à 7 que nous trouvons à l’approche de la côte.

A l’arrivée au Iate Club de Buzios nous nous posons le long d’un ponton où nous ne sommes tolérés que pour quelques heures, le temps de faire les formalités d’entrée dans l’état de Rio. Vinicius et moi nous mettons donc en route pour 45 minutes de taxi, les bâtiments de la marine sont à Cabo Frio. Le taxi nous a posé sur un trottoir longeant un mur semi infini dans lequel une petite porte munie d’un interphone est percée. Un planton répond à notre sonnerie et, après de longs palabres en portugais, merci Vinicius pour la traduction, comprend ce dont nous avons besoin et trouve un sous-officier qui sait de quoi il s’agit. Il faut dire que les bateaux étrangers devant suivre ces procédures ne sont pas légion, la connaissance des règles qui s’appliquent est donc peu répandue. Cette étape franchie, nous pouvons pénétrer dans le bâtiment où le sous-officier, souriant, prend les papiers que nous avons reçus lors de toutes nos visites administratives depuis l’entrée au Brésil, pose quelques questions sur notre itinéraire et sur l’équipage puis disparaît préparer le papier suivant. Une heure et demie plus tard nous avons le document et pouvons reprendre un taxi pour rejoindre Gaia. La nuit tombe, le vent a fraichi, 25kt dans l’abri, force 6, et nous devons quitter notre quai pour nous amarrer à un corps mort. La prise de corps mort dans ces conditions est ardue. Barbara est agile pour prendre la bouée au lasso mais l’amarrage reste problématique. Nous nous y reprenons à plusieurs reprises tout d’abord avec le propulseur d’étrave puis, après son refus de poursuivre, sans. Finalement et avec l’aide d’un voisin dans son dinghi, nous sommes enfin amarrés. Fatigués, Barbara et moi restons à bord alors que Tamires et Vinicius rejoignent la côte. Nous les retrouverons le lendemain.

Le Brésil est un grand pays dont la puissance potentielle, tant économique que politique, peut faire de l’ombre aux Etats-Unis. Il nous fut dit qu’à cause de cette menace le pays a dû faire face à plusieurs reprises à une pression peu élégante des Etats-Unis pour réduire ses ambitions. Cette pression inclut un rôle actif dans l’établissement dans les années 1960 d’une dictature militaire sanguinaire. Cette histoire explique la résistance de la population devant la langue anglaise. Comme le disait un de nos interlocuteurs : « l’anglais est enseigné, mais nous ne l’apprenons pas ». La quasi absence de touristes étrangers hors des circuits « tout compris » des paquebots de croisière par exemple n’aide pas à rendre l’anglais plus populaire. Comme notre portugais est plus qu’hésitant, les interactions avec les administrations sont difficiles.

BB

Buzios est un haut lieu du culte de Brigitte Bardot. Il fut un temps pendant lequel elle avait un « fiancé » brésilien et passait du temps à Buzios. Certains ont su exploiter le filon, au point que des paquebots de croisière font escale devant le quai, leurs canots faisant un va et vient constant pour amener et reprendre les passagers à terre. Les café et restaurants « BB » sont légion, une statue représentant Brigitte Bardot -plus jeune que maintenant- est prise d’assaut par les touristes qui attendent patiemment leur tour pour un selfie sur les genoux de bronze. Nous déjeunons au restaurant « Brigitte Bardot » avant de nous préparer pour repartir en début de soirée, direction Rio, 80 milles, où nous voulons arriver de jour pour voir se profiler le pain de sucre et le Christ rédempteur.  Nous profitons au début du vent frais dû à l’accélération autour du Cabo Frio pour finir au moteur par calme plat à l’entrée de la baie. Le pain de sucre sur bâbord, le Christ rédempteur droit devant dans la pleine lumière du soleil levant. Nous sommes à Rio.

Arrivons dans la baie de Rio

Le Iate Club de Rio, un établissement qui n’a rien à envier à la Nautique genevoise en matière de prestige social, n’a pas la réputation d’accueillir facilement les voyageurs au long cours. J’avais deux lignes de contact pour les approcher, l’une à travers Carlos, un contact de contact, l’autre via le propriétaire du corps mort de Camamu. Prudent je suivais ces deux pistes, un peu soucieux des interférences négatives qui pourraient se produire. Mais en arrivant, nous avons constaté que les deux chaînes de contacts menaient au même amarrage. Les réseaux avaient convergé.

Gaia à Rio

En débarquant après avoir amarré Gaia, nous avons été abordés par un homme, Sydney, qui visiblement nous attendait. Il dit nous avoir vu passer devant ses fenêtres pendant notre approche. Il est, nous dit-il encore, passionné par Amel -le chantier constructeur de Gaia– et souhaite partir en voyage lointain. Pourrions-nous dîner chez lui le soir même, rencontrer son épouse, raconter notre bateau et partager notre aventure et notre expérience ? L’exercice ayant pour but de contribuer à convaincre son épouse du bienfondé et de l’intérêt de son projet.  Nous nous sommes donc retrouvés le soir attablés dans un superbe appartement avec vue sur la baie parlant bateau et voyage une Syrah brésilienne à la main laquelle n’avait rien à envier aux meilleures européennes. Je ne sais pas si l’épouse fut conquise, mais notre hôte certainement renforcé dans ses convictions.

La Suisse maintient un réseau de consulats scientifiques dans quelques capitales importantes, Swissnex. J’ai eu au fil des ans des contacts avec eux à Boston, au Japon et en Chine. Sachant qu’il y a un tel consulat au Brésil, j’avais envoyé un courrier en annonçant notre passage. La réaction fut tiède et j’ai été redirigé vers le consulat général à Rio où l’accueil fut plus positif. Il nous fût proposé de rencontrer le consul général, Bernhard Furger, lors d’une visite à une organisation locale. Nous nous sommes donc trouvés un matin sur une plage proche du Iate Club pour une démonstration de paddle sur des « planches » faites d’assemblages de bouteilles PET recyclées. Ne sachant pas vraiment quelle était la tenue pour une rencontre diplomatique sur une plage, j’optai pour un short et une chemise. Adéquat, bien que le consul ait été en chemise blanche et costume gris. Nous avions en face de nous un petit groupe d’enthousiastes développant ces paddles dans le but de rapprocher les enfants des favelas de la richesse de la mer, si proche d’eux mais si méconnue.  Nos vis-à-vis étaient accompagnés de quelques professeurs de biologie marine sensibles à la problématique. La démarche est belle, les intentions magnifiques, les réalisations intéressantes, les protagonistes engagés mais les moyens mis en oeuvre sont dérisoires, deux paddles quelques dizaines d’enfants touchés. Rien qui permette de changer la dynamique des favelas. Il semble bien difficile de changer d’échelle dans ce projet, tout convaincant qu’il soit. Les protagonistes sont des personnes de terrain et non les organisateurs qui seraient nécessaires pour un projet de grande envergure. On ne les voit pas non plus se plier aux exigences d’un projet structuré avec ses règles forcément bureaucratiques.  Les petites rivières ne font pas toujours les grands fleuves, se sont parfois des oueds qui se perdent dans les sables du désert. Le déjeuner fut ensuite vivant et animé. Le consul général, Bernhard maintenant, décrivant les aspects pratiques de sa mission dans cette immense ville et les encouragements que la Suisse distribue à quelques projets de développement.

Paddle de bouteilles PET recyclées

Nous avons admiré la vue du haut du pain de sucre. Le départ du téléphérique se trouvant proche de la mer, nous y avons été à pied, un plaisir rare mais chaud dans une ville de plusieurs millions d’habitants. Nous avons moins profité de la vue du haut du Christ rédempteur, nous étions dans les nuages. Nous avons déambulé dans le quartier de Santa Teresa, visité le musée Chacara do Ceu qui marie art européen et artisanat local dans une magnifique villa surplombant la ville, nous sommes descendus l’escalier Selaron, 215 marches et 2000 carrés de faïence provenant de 120 pays assemblés dans un joyeux chaos coloré par Jorge Selaron en 1994. Nous avons visité le musée d’art moderne et marché dans la ville coloniale. Le jardin botanique de Rio est une immense et paisible oasis de verdure dans un océan de béton et de bruit. On se promène le long de larges allées flanquées d’arbres magnifiques dans une chaleur humide et ombragée. Quelques singes sautent entre les arbres. Peu de fleurs à cette saison, mais toutes les nuances de vert. Un dimanche matin nous avons pris un taxi pour Copacabana, impossible d’être à Rio sans marcher sur le sable de cette mythique plage et y boire un lait de coco sous un parasol. La route qui longe la plage est fermée à la circulation le dimanche pour permettre aux humains de profiter de l’espace. Une leçon pour les helvètes incapables de se priver d’automobiles un jour par année.

Vue du Pain de Sucre
Copacabana vu du Pain de Sucre
Christ rédempteur dans la foule pendant que le brouillard arrive. Le sculpteur de ce Christ, Paul Landowski, est aussi l’auteur du mur des réformateurs à Genève.
Tram de Santa Teresa
Jardin botanique
Jardin botanique

Nous étions, Barbara et moi, attablés un soir au Iate club de Rio en devisant pendant notre repas quand une femme de la table voisine s’est levée et approchée en nous demandant si nous étions bien l’équipage du bateau étranger à quelques centaines de mètres. Elle était médecin et nous offrait ses services si nous avions un quelconque problème qu’elle aurait pu nous aider à résoudre. Nous avons été touchés alors et tout au long de notre séjour Brésilien par la chaleur, la gentillesse et la générosité de l’accueil qui nous était fait.

Nous avons aimé cette ville malgré que la vie n’y soit pas rose pour tous. Une après-midi en rentrant d’une visite, alors que notre taxi était arrêté à un feu, un jeune garçon d’une petite dizaine d’années se trainait tristement de voiture en voiture, misérable, perdu, seul. Un enfant abandonné nous dit le chauffeur de taxi indigné que l’Etat ne se soucie pas de repérer ces enfants et de les recueillir pour leur donner un cadre et une scolarité décents.

Alicia, la lauréate de Science et jeunesse de cette année, nous a rejoints à Rio. Elle passera dix jours avec nous dans la région de Ilha Grande.

11 réflexions sur « Rio de Janeiro »

  1. Merci de votre récit si détaillé, j’ai eu l’impression de naviguer un peu avec vous et surtout d’aborder des sujets que seuls les navigateurs peuvent nous faire partager.
    Je vous embrasse et bon vent

  2. Magnifique récit très dépaysant, et très belles photos. Merci ! Vous êtes vraiment impressionnants ! Tant d’énergie déployée dans des circonstances pas toujours enviables, mais certainement très enrichissantes. Je reste avec plaisir en pensées avec vous et vos aventures. Bonne suite!

  3. Encore une fois merci! C’est si agréable de vous lire et de voir les magnifiques photos de votre périple. Amitiés, Christiane

  4. Profitez, regardez, transmettez au maximum. Vos propos sont intéressants tout comme vos photos.
    J’ai relevé au moins soixante gratte-ciel sur votre photo de Salvador de Bahia. Lorsque j’y étais en 1982 il n’y en avait aucun. Bons vents!

  5. quel magnifique récit, tant de plaisir à vous lire, à apprendre de nouvelles expressions comme de moeurs et coutumes, fort intéressant et bien sûr comme toujours avec un humour bien-veillant! merci, merci, merci
    (j’ai gardé la recette de crevettes, La moqueca de Camarão!!)
    bel été en Suisse sur terre!

  6. Que des bons souvenirs pour nous, les abroyos, le « yate »club de Rio…votre route sera-t-elle vers le sud. Buénos Aires, Mar del Plata, Baï san blas, Puerto Deseado, Ushuaia.
    Bon été. On vous embrasse.
    Anne et Alain

    1. Merci de votre message. Notre idée est en effet de descendre vers le sud puis de remonter côté chilien pendant l’été austral prochain.
      Amitiés

  7. Mais que c ‘est extraordinaire tout çà !!! Quel enrichissement ! Whouah ! Grand plaisir de vous lire ! Merci pour le reportage !
    Bisous et belle journée !
    Bernie

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