Une Alumna dépasse ses limites le long des côtes brésiliennes
Alicia Duvanel
Science et jeunesse
Avril 2023
Un départ sur les chapeaux de roues
Un soir, en rentrant de l’université, la newsletter de Science et jeunesse a attiré une inhabituelle attention. En effet, un article informait de la recherche d’un·e candidat·e pour partir à l’aventure avec Science et voile sur le navire Gaia. Je me souviens avoir attentivement suivi l’expérience de Mariasole dans ce cadre et rêvé de vivre une expérience similaire.
De nature impulsive, je n’ai pas attendu pour envoyer ma candidature afin de tenter ma chance. Après plus d’un mois de silence, je reçois enfin un appel qui m’invite à un entretien en visioconférence avec Thierry et Barbara. À la suite de ce dernier, je réalise que mes chances sont réelles que je sois choisie, mais évite de me réjouir trop vite.
Quelques jours plus tard, je comprends que je pourrai embarquer sur le Gaia si les conditions politiques au Brésil le permettent. J’attends les nouvelles de Thierry et Barbara avec impatience. Après quelques réflexions, je décide de rejoindre l’équipage entre Rio de Janeiro et Paraty. Les semaines avant mon départ sont inhabituellement longues, je n’attends plus qu’une chose, rejoindre le Brésil ! J’ai réservé les vols que trois semaines avant le départ, ce qui est exceptionnel pour moi qui aime tout planifier.
« Mille vies parsemées d’innombrables rencontres »
Le but du projet Science et voile avec Gaia est de permettre au-à la candidat-e de rédiger un travail de recherche sur un sujet libre. Pour ma part, j’avais envie de traiter de la société brésilienne, intéressée à analyser une problématique que je connais bien et me passionne, soit celle des discriminations envers les femmes.
Mais en arrivant au Brésil, je me suis rendu compte qu’il y avait une autre forme de discrimination, bien plus visible : le racisme. La séparation entre les populations blanches et de couleurs est très marquée à Rio, et est visible sur beaucoup de mes photos. J’ai donc profité de mon séjour pour faire des observations et ai également participé à une visite guidée sur l’héritage africain à Rio de Janeiro, visite qui m’a énormément appris sur l’histoire esclavagiste de la ville.
Pour la rédaction de ce projet de recherche, Thierry et Barbara se tiennent à disposition en mettant à profit leur réseau, mais également leurs propres connaissances et expériences.
J’ai apprécié discuter avec Thierry Courvoisier, écouter son expérience lorsqu’il a donné un discours sur les sciences et leur autonomie politique à l’académie des sciences chinoise. Cela m’a marqué, finalement toutes leurs anecdotes étaient plus intéressantes les unes que les autres. Ils ont eu le privilège de vivre mille vies, parsemées d’innombrables rencontres et voyages inspirants.
J’ai également eu le privilège de rencontrer de nombreux navigateurs brésiliens (entre autres), tous plus aimables les uns que les autres. Malheureusement, la langue est une véritable barrière au Brésil car la plupart des habitants ne parlent que portugais. Cependant l’hospitalité est universelle et leur joie de vivre inoubliable.
Oser voyager (presque) en solo
Avant de partir je me suis énormément renseignée sur la sécurité à Rio et, plus généralement, au Brésil. Je n’étais pas rassurée par l’image donnée par les médias, et ce n’est pas auprès de mes proches que j’ai pu trouver du réconfort !
Il faut dire que je ne m’étais jamais rendue au Brésil, ni même en Amérique du Sud. Le voyage qui me rapprochait le plus de cette destination était mon séjour au Costa Rica, deux ans plus tôt.
Je suis arrivée à Rio de nuit, dans un endroit inconnu et entourée de gens qui ne parlent pas anglais. Ne parlant pas moi-même portugais, ces premiers pas en terre inconnue ont été quelque peu chaotiques. Mais une fois installée dans le taxi qui m’emmenait à mon auberge de jeunesse, j’ai pu savourer pleinement l’instant présent. Il faisait facilement 20°C de plus qu’en Suisse avec un air était nettement plus humide. Quelle émotion, lorsque j’ai aperçu le Christ Rédempteur pour la première fois. Il était illuminé en violet, je n’avais plus aucun doute sur l’endroit où je me trouvais.
« Quelle émotion, lorsque j’ai aperçu le Christ Rédempteur pour la première fois. Il était illuminé en violet, je n’avais plus aucun doute sur l’endroit où je me trouvais »
J’ai eu la chance de disposer de quatre jours pour visiter Rio selon mes souhaits. Entre le Christ, le Pain de Sucre, Copacabana et Ipanema, j’ai eu un véritable coup de cœur pour la cité merveilleuse. La végétation y est luxuriante et les Cariocas on ne peut plus accueillants. L’histoire de la ville est très riche et, mais son lourd passé lié à l’esclavage et à la domination portugaise est marquant. Quelle chance de pouvoir m’enrichir ainsi.
Après avoir passé ces premiers 4 jours à Rio, j’ai enfin rejoint Thierry et Barbara au Iate Club de la ville. C’est l’endroit où se trouvait leur bateau à Rio, au pied du Pain de Sucre. Après avoir passé des semaines à communiquer par des moyens numériques, cela m’a fait bizarre de les voir en chair et en os. Cette rencontre a marqué le début de l’aventure sur Gaia.
Ensemble, nous avons encore un peu visité Rio, avant de partir pour Ilha Grande. Le départ par le grand large est extraordinaire, nous avons pu admirer les célèbres plages et le Christ depuis l’océan Atlantique. L’île nous a ensuite marqués pour sa magnifique végétation et son calme prospère. On y a croisé que très peu de monde, nous avons profité d’un paysage incroyable. Finalement, mon aventure s’est terminée à Paraty, ville coloniale au centre historique magnifique.
Rio, une ville qui a tant à offrir
Être seule m’a permis de rencontrer beaucoup de monde, et d’échanger avec des ressortissants du monde entier. J’ai pu expérimenter de quoi j’étais capable et me découvrir de nouvelles limites. Je n’avais jamais été dans un lieu réputé dangereux. En étant seule cela paraissait encore plus impressionnant ! Après m’être dûment renseignée, j’ai pu laisser mes appréhensions de côté afin de pouvoir profiter pleinement de cette ville qui a tant à offrir. Je réalise qu’il y a une grande différence entre les récits des médias, les propos de personnes mal renseignées et la réalité.