Gaia se fait préparer pour le Pacifique

Gaia se fait préparer pour le Pacifique

Notre vol d’Europe est arrivé en matinée du 25 novembre à Santiago du Chili sous un beau soleil. Un certain nombre de complications plus tard nous avons embarqué sur un vol pour Temuco, et non Valdivia non desservie ces jours-là. Le paysage défilant sous nos yeux a passé des ocres de climats secs à des verts de plus en plus intenses, passant de champs desséchés à une agriculture intense puis à la forêt. A l’arrivée nous avons trouvé un ciel gris solide.  Un taxi nous a ensuite emmenés pour les 80 derniers kilomètres sous une pluie intense, l’intensité du vert est bien corrélée à l’abondance de la pluie, vers Valdivia et la marina dans laquelle nous retrouverions Gaia. Une courte accalmie nous a permis d’embarquer nos sacs sans les tremper.

En route

Le moteur avait été révisé pendant notre absence. Les filtres et pièces à changer étant introuvables au Chili furent prélevés de la réserve du bord. Nous avons donc dû en prendre un nouveau lot dans nos bagages, de quoi remplir un sac de voyage. La capote qui protège le cockpit ayant servi cinq ans sous le soleil des tropiques et la glace des régions arctiques sans remise de peine devait être changée, un deuxième sac. La pharmacie de bord demandait à être largement renouvelée, un troisième sac. Il ne restait que peu de volume et de masse pour nos affaires personnelles -un sac- de telle sorte que j’ai dû laisser à Rolle une partie de ma garde-robe. Tout est par contre arrivé sans exciter outre mesure la curiosité des douaniers de l’aéroport de Santiago.

Les pièces de rechange trouvent leur place dans le compartiment moteur

La pluie fut, nous a-t-on dit, intense tout l’hiver, permettant au monde végétal de prendre racine sur le bateau. Un vert un peu terne et sale s’est donc petit à petit imprégné sur le pont et les superstructures de Gaia, lui donnant un aspect un peu triste. Trois jours de brossage énergique furent nécessaires pour lui redonner le pimpant qui lui est naturel.

Gaia tout propre dans la marina d’Estancilla sur le rio Valdivia. L’endroit, superbe, manque cruellement de café ou bistrot.

Nous avons souffert ces dernières années des suites de tensions entre la France et l’Angleterre dans la période qui a suivi la révolution française. Les Français rationnels au sortir du siècle des lumières ont développé le système métrique. Les Anglais de la perfide Albion bien qu’ayant signé un accord formel n’ont dans la pratique jamais adopté ce système et persistent à utiliser un système dit impérial basé sur des pouces et autres miles. Or il semble que notre chaîne d’ancre soit issue de France et donc échantillonnée en millimètres alors que la pièce qui débite la chaîne de son puit, le barbotin, ait été anglaise et soit donc issue de mesures impériales. De cette différence résulte une rotation de la chaîne sur elle-même dans le puit qui nous a valu une ou l’autre manœuvre scabreuse, la chaîne se coinçant au moment de se déployer. Fort de cette analyse, Amel nous a envoyé un nouveau barbotin, quelques kilos d’acier encore dans nos sacs. La pièce est heureusement facile à changer et j’espère le problème résolu.

Les chantiers Amel avaient demandé une modification du parcours des drisses, les cordages utilisés pour hisser les voiles, afin d’éliminer une possibilité de fausse manœuvre. Cette modification avait été faite par Nick, un technicien à Valdivia, le seul loin à la ronde compétent pour ce travail, pendant notre absence. Elle exigeait aussi une modification du sommet du génois et de la trinquette, les voiles d’avant. Angela, voilière, a fait ces changements pendant l’hiver. Elle est aussi la seule sur des centaines de kilomètres capable de le faire. Ces modifications ont comme conséquence que les drisses devaient être changées. Ce qui fut fait en quelques montées au sommet du mât par Nick. Nous en avons profité pour une vérification de tout le gréement, vérification d’autant plus approfondie qu’un bateau ami a été tout proche de perdre son mât en traversant le Pacifique sur la route que nous suivrons.

Nick au sommet du mât

Tous les autres systèmes du bateau ont été passé au peigne fin. Un plongeur a inspecté les dessous, car la marina ne dispose pas d’un équipement avec lequel nous aurions pu sortir Gaia de l’eau. Le système de barre a été examiné et trouvé impeccable.

Inspection de la coque

Nous cuisinons au gaz à bord. Or l’installation du gaz sur les Amel 50 pêche par le peu de gaz embarqué, trois petites bouteilles de camping gaz, insuffisant pour de très longues traversées. Nous nous sommes donc procuré une grosse bouteille de gaz aux normes chiliennes et avons développé un dispositif qui permette d’utiliser la bouteille chilienne pour remplir celles du bord. Nous avons encore fait fabriquer une protection pour notre annexe qui sans cela fond littéralement au soleil, et réparer les attaches d’un panneau solaire arrachée par les vents patagoniens. Tout ceci a largement rempli les deux semaines prévues. Autant que nous puissions juger, Gaia est prêt pour le Pacifique.

En parallèle de ces activités il a fallu prolonger la période d’importation temporaire du bateau car Gaia aura été un peu plus d’une année au Chili. German Ehrenfeld, le vice-président du club nautique de Valdivia, un ingénieur qui a travaillé plusieurs années sur les télescopes de l’ESO au Chili, nous a aidé pour traduire la demande aux autorités idoines, laquelle a été acceptée.

Il nous restera à faire quelques solides descentes dans des supermarchés pour acheter la marchandise que Barbara a listée pour nous permettre une belle autonomie sur l’Océan. Mais avant cela nous partons pour trois semaines de visites au Chili.

9 réflexions sur « Gaia se fait préparer pour le Pacifique »

  1. Eh bien! En effet, il fallait bien du temps pour tous ces travaux. C’est impressionnant!
    Je vous souhaite un très bons séjour de visite au Chili et suivrai avec un très grand plaisir vos aventures en Pacifique!
    Bises et amitiés
    Christiane

  2. Je suis de plus en plus impressionné par vos capacités de surmonter les situations inattendues ; surtout Thierry qui me semble tout savoir faire!
    Bon séjour dans ce pays sauvage mais magnifique ,Joyeux Noël et tout de bon pour la suite de vos beaux projets.

  3. Entre la sortie du film de Louise et les exploits marins de Thierry et Barbara la famille Coucou brille de mille feux. Bravo! Tous nos bons vœux vous accompagnent.

  4. C’est juste énorme tout le travail et les préparations qui se cache derrière un te lVoyage. Je vous admire beaucoup et me réjouis déjà d’accompagner votre prochain périple, grâce à vos récits intéressants intéressants et plein d’humour.
    Profitez bien de votre découverte du Chili pendant les prochaines trois semaines.
    Je vous souhaite des bonnes et heureuse fêtes et une bonne continuation de votre voyage
    Monique

  5. Après lecture du compte-rendu de ces préparatifs j’imagine le soulagement que vous éprouverez au moment de larguer les amarres. Je vous souhaite bon vent (pas trop tout de même) et une belle découverte de la Polynésie. En me réjouissant des récits à venir, amitiés, Bernard

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