Du Pays de Galles à l’Ecosse

Du Pays de Galles à l’Ecosse

Gaia dans les restes de la marina de Holyhead

Nous étions à Holyhead et non à Liverpool où Jean-Pierre Wolf avait fait envoyer le détecteur d’aérosol réparé et amélioré après la visite de Jérôme à Pornic. Barbara est donc partie pour Liverpool pendant que j’attendais les collaborateurs du chantier naval. Une journée de train et de marche en ville sous la pluie et dans le froid pour ramener de la marina un colis fort lourd. Mais aussi une visite de la marina, difficile d’accès en bateau, et la constatation que tous les musées sont fermés. Pas question donc de revivre les swings des Beatles cette année.

Liverpool a bien changé depuis notre visite en 1988

L’équipe de collaborateurs du chantier Amel est arrivée à Holyhead le 22 juillet après 24h de route et de ferry sous une pluie peu engageante et avec des températures en net contraste avec celles qu’ils avaient laissées à La Rochelle. Ils avaient avec eux un ensemble de câbles de barre du fournisseur éprouvé de Amel, par opposition au fournisseur des câbles qui avaient été installés sur Gaia -un nouveau système que Gaia était le deuxième bateau à recevoir-, et un second pilote automatique. La direction de Amel pense que cet arrangement doit permettre de corriger les défauts constatés et rétablir notre confiance dans notre bateau. Le travail a été fait avec soin et efficacité en deux jours. Nous sommes sortis calibrer le nouveau pilote et vérifier les câbles. Par contre, fort de notre première expérience, nous souhaitions que les tests incluent une véritable sortie en mer. Nous avions donc demandé que Kevin, l’un des trois protagoniste du chantier, fasse une étape avec nous. La direction du chantier a parfaitement compris notre démarche et accepté notre exigence.

Je souhaitais que nous nous arrêtions sur l’île de Man, au milieu de la mer d’Irlande. J’ai donc appelé un port pour savoir dans quelle mesure nous pourrions être accommodés dans leurs installations pour me faire dire:

-Sorry sir, no foreign ship is allowed on the Island, not even after having spent several weeks in the United Kingdom.

L’île de Man, comme les Anglo-Normandes, ne fait en effet pas partie du Royaume Uni et, comme ces dernières, sert de place financière “offshore”.

Il nous a donc fallu aller d’une traite jusqu’à Bangore, un port tout proche de Belfast, en Irlande du Nord, donc au Royaume Uni, ouvert à la navigation; contrairement à la République d’Irlande aussi fermée pour nous. Une navigation d’une petite centaine de Milles dans une mer agitée et des vents relativement soutenus. Un bon test de notre système de barre remis en état. Une belle traversée pour arriver au milieu de la nuit dans un port qui ne correspond que partiellement aux descriptions et sketches des instructions nautiques en ma possession. Rhum pour tout l’équipage avant quelques heures de sommeil, une vérification du système de barre, et le départ de Kevin pour l’aéroport.

Bangore, le port

Avec un système de barre réparé et testé nous pouvions reprendre confiance et avons décidé de faire venir Ophélie, la lauréate du concours Science et Jeunesse, à Bangore. La fondation a très vite organisé son voyage et nous avons vu arrivé une jeune Ophélie de 17 ans souriante le mardi 28.

Ophélie à bord

Nous avions reçu à Bangore un mot de Bernard Thorens, un collègue professeur de biologie à l’université de Lausanne, qui m’avait approché par téléphone quelques mois plus tôt pour discuter d’achat de bateau et de préparation de retraite. Or son épouse Elisabeth et lui se trouvaient à Troon dans le Firth of Clyde, à 60 Milles de Bangore, pour prendre en main un bateau de voyage et commencer les préparatifs de leurs futures navigations au long cours. Nous n’avons fait ni une ni deux et sommes partis de Bangore avec Ophélie pour Troon plutôt que pour l’étape prévue. Soixante Milles, une traversée de la mer d’Irlande par force 5 et un temps gris et froid furent un peu rude pour un estomac peu amariné. Ophélie a donc quelque peu souffert en faisant montre d’une force de caractère certaine.

Un rocher de plusieurs dizaines de mètres de haut sort de la mer d’Irlande majestueusement isolé. Il est peuplé de milliers, si ce ne sont des dizaines de milliers, de fous de Bassan, superbes oiseaux aux ailes blanches et noires et au cou jaune dont le vol rappelle un peu celui du cygne. Nous avons fait le tour des falaises ce cailloux avant de terminer cette trop longue étape et d’être accueillis par Elisabeth et Bernard dont nous faisions ainsi la connaissance. Ce moment s’est prolongé par un solide apéritif, Ophélie avait retrouvé des couleurs, puis un dîner chaleureux à bord.

Ailsa Craig, le rocher aux milliers de fous de bassan
Fou de bassan

Pluie soutenue le lendemain matin. Barbara et Ophélie ont fait un tour de la bourgade et sont rentrées trempées. Courses l’après-midi pour avoir quelques jours d’autonomie et des produits qui conviennent aussi à Ophélie. Enfin dîner avec Elisabeth et Bernard après un apéritif à bord de leur nouvelle unité. Elisabeth nous a raconté qu’elle avait mis sur pied une traversée de l’Atlantique sur un catamaran avec sept autres femmes qui se reconstruisaient dans tous les sens du terme après le traumatisme d’un cancer du sein. Une expédition dont nous avions lu un récit dans les magazines nautiques. Ce fut nous a-t-elle dit une riche expérience après laquelle elle est heureuse de reprendre la mer avec son mari.

Troon, la plage

Le soleil brillait au matin du jour suivant. Nous sommes partis pour une courte étape d’une quinzaine de milles vers l’île d’Arran où nous avons mouillé notre ancre dans une baie abritée par Holy Island. Il ne pouvait rien nous arriver! Le temps s’est cependant gâté, il s’est mis à pleuvoir des cordes dans un vent soutenu. Pas vraiment possible de descendre à terre dans ces conditions. La nuit le vent a beaucoup tourné et soufflé avec vigueur. Nous avons donc tourné autour de notre ancre en dépassant parfois les limites que j’avais fixées pour faire retentir une alarme, je me suis donc levé plusieurs fois pour constater que l’ancre tenait bon. Tout ceci fait partie de la prise en main de Gaia.

Ensuite belle étape vers Campbeltown qui fut une capitale du Whisky jusque dans les années trente. Il reste une ville bien endormie. Pas moyen de trouver un bistrot ouvert. Mais nous avons croisé trois marins ukrainiens buvant dans un parc nous disant que c’était la première fois depuis 6 mois qu’ils passaient du temps dans une ville. Ils travaillent sur un petit cargo transportant des pales d’éoliennes amarré dans le port. Ils bénéficiaient du fait que les employés du port ne travaille pas le week end.

Campbeltown est une étape importante pour passer le Mull of Kyntire. Il faut très bien évaluer le moment de passer ce cap redouté pour les courants de marées, et passer avec le courant dans le bon sens, même si, lorsque le vent est contre le courant, la mer peut être très formée et hachée. Pour nous l’heure de passage était la mi-journée, agréable en ce sens qu’il n’était pas nécessaire de partir ou d’arriver de l’autre côté, à Gigha, de nuit. Nous sommes partis vers 9h avec un vent d’ouest qui nous a permis de descendre au sud vers le cap rapidement. Puis le passage de la péninsule se faisant vers l’ouest, nous avons tiré des bords en nous aidant du moteur pour ne pas passer des heures dans ces parages. Le vent était bien contre le courant, la mer bien formée, mais nous sommes passés sans encombres. Tous les estomacs ont résisté. Après le cap, une montée au nord de 25 milles encore avec le vent par le travers, le courant avec nous et une mer qui s’est calmée. Une très belle fin d’étape pour arriver dans le premier abri au nord du cap derrière la très jolie île de Gigha, sur laquelle nous avons fait une longue promenade. Nous cherchions un jardin sub tropical puis un monument préhistorique, n’avons trouvé ni l’un ni l’autre mais vu des paysages superbes et fini dans des pâturages dans lesquels paissaient de paisibles vaches.

Grain en passant le Mull of Kyntire

Nous sommes beaucoup plus importunés par les insectes en marchant dans ces paysages peu colonisés par une agriculture intensive, ce qui nous fait penser que la biodiversité, dont nous constatons la richesse lors de chaque escapade à terre, et les populations d’insectes sont beaucoup plus abondantes que dans nos campagnes régulièrement arrosées de diverses concoctions chimiques. Malheureusement nous étions un dimanche, jour de fermeture du restaurant réputé sur la plage. Nous nous sommes rabattus sur le restaurant de l’hôtel où nous avons trouvé un “fish and chips” assez quelconque.

Gigha: fougère

Le temps était annoncé beau pour le lundi, prévisions que Pierre Eckert nous aide régulièrement à avoir avec précision, puis détestable pour le mardi. Nous avons donc profité du lundi pour rejoindre Oban d’où il serait possible qu’Ophélie reparte vers la Suisse. Le trajet entre Gigha et Oban passe par le sound of Loing. Un des passages entre les îles dans lequel le courant de marée est plus que respectable, exclut de passer contre le courant. Il faut donc là aussi arriver au bon moment. Ce que nous avons fait. Très belle navigation teintée d’un peu de stress car il y a des cailloux submergés, mais juste sous la surface, donc dangereux, sur le chemin, évidemment là où le courant est le plus fort. Tout s’est bien passé et les paysages étaient magnifiques.

Du courant dans le Sound of Loing

Tout ceci a fait beaucoup de navigation pour Ophélie dans des conditions qui, sans être dramatiques, n’en étaient pas moins pourvues de quelques difficultés. Elle a courageusement fait face, s’est accoutumée à la vie en bateau, au partage de soirées avec nous ou avec les gens que nous avons rencontrés, et s’est familiarisée avec la barre et le maniement des amarres lors des manoeuvres de port. Elle nous a fait partager la musique qu’elle apprécie, très éclectique, de Vivaldi au métal. Nous avons échangé à propos de physique et des aspects de la vie qu’elle voit au travers de ses yeux d’adolescente et de son histoire personnelle. Son séjour s’est terminé par une visite d’Oban sous une pluie torrentielle sans pouvoir visiter la distillerie, covid oblige, ni aucun musée. Il ne restait que la librairie où Barbara a pu combler la frustration de ne pas voir une distillerie en offrant à Ophélie un livre sur l’histoire du whisky. Ophélie est repartie le mercredi pour un long voyage jusqu’à Zurich.

Ophélie à la barre

Après le départ d’Ophélie nous avons fait une longue promenade autour d’Oban -il ne pleuvait presque pas- dans une nature d’un riche vert. Les roches sont des conglomérats dont l’origine est à chercher, un panneau nous l’a indiqué, dans une période de volcanisme actif dans la région, en particulier sur ce qui est aujourd’hui l’île de Mull. On reconnaît en effet -en tout cas je le pense- des formations qui, bien qu’usées par l’érosion, nous rappellent des volcans beaucoup plus jeunes. Une de ces formations est une colonne d’une trentaine de mètres de haut et d’une dizaine de mètres de diamètre plus étroite à sa base. Il semble que cette formation soit due au frottement de la chaîne par laquelle un viking géant aurait attaché un chien particulièrement massif et puissant. Je suis heureux de na pas avoir passé à cette époque.

Oban et la sortie nord du sound of Kerrera
Colonne d’agrégats usée par la chîne du chien monstrueux
Il ne fait pas toujours beau en Ecosse

Nous sommes encore restés deux jours à Oban pour rencontrer Bob Shelton. Bob est un révérend de l’église anglicane, retraité depuis une bonne vingtaine d’années, dont la passion est la navigation à voile pour se rendre au Groenland au pied des montagnes les plus hautes et les plus abruptes dans le but de les escalader autant que possible en suivant des voies encore inconnues. Un personnage dont les exploits impressionnent. Bob connaît aussi bien l’Ecosse et nous a été précieux pour préparer la suite de notre navigation tant ici que l’année prochaine au Groenland.

Guillemot à Oban

Le samedi départ pour Craobh (prononcez Groove) haven, une petite marina cachée derrière un petit groupe d’îles où nous étions attendu pour un barbecue. Pour passer de Oban à Craobh Marina on peut soit passer par le même passage qu’en venant de Gigha soit, et nous a-t-on dit plus court, par le Cuan sound. Ce passage a la forme d’un V. On descend la première branche et tourne vigoureusement sur la gauche pour remonter la seconde. Le point d’apex est marqué d’une perche. Jusqu’ici tout semble accessible. Seulement voilà. Le courant est plus rapide encore que dans le sound of Loing, la perche est sur un caillou, mais pas à son extrémité, le courant porte sur cet obstacle et un autre caillou juste submergé est posté à seulement quelques 150m de la perche. De plus, pour rester manoeuvrant sur l’eau il ne faut pas aller trop lentement par rapport à l’eau. En ajoutant la vitesse du courant à celle du bateau, nous sommes passés entre 10 et 15 kts dans ce goulet. De quoi soigner le niveau d’adrénaline du skipper.

Le barbecue était organisé par Simon Currin, le “commodore” du Ocean Cruising Club, une organisation dont nous sommes membres et qui nous fait largement profiter de l’expérience des membres locaux, où que nous soyons sur le globe. Quelques bateaux du club étaient dans la région, leurs équipages se sont joints et la soirée fut vivante. Un équipage revenait d’avoir passé l’hiver à Tromsø, un autre rentrait des Caraïbes et Simon a son bateau à Halifax après avoir navigué en Terre Neuve et au Groenland, notre programme aussi.

Baie de Craobh Haven vue de chez Simon

Pour poursuivre notre navigation le dimanche, Simon nous a recommandé de sortir par le troisième passage redoutable dans la région, le Corryreckan. Je n’aurais jamais imaginé emprunter ce goulet, celui dans lequel le courant est le plus fort, créant une mer non seulement redoutable, mais encore parfaitement impraticable quand les conditions sont mauvaises. Mais, nous a dit Simon, par beau temps et peu de vent, en choisissant judicieusement l’heure de passage par rapport aux marées, le passage est bénin et la vie sauvage peut y être fort belle. Hardi donc, nous voilà partis après un calcul de marée soigné pour le Corryreckan que nous avons en effet traversé sans difficulté pour rejoindre un ancrage bien protégé et passer une nuit tout à fait paisible.

L’étape suivante nous a mené à Tobermory, petite ville aux maisons colorées au pied de falaises. Notre promenade nous a mené le long de ces falaises jusqu’à un petit phare charmant -vu de la terre, la région reste terriblement rude vue de la mer-. Les falaises sont aussi, je crois, d’origine volcanique, elle s’effritent par endroit. Je suis incapable d’estimer le taux d’érosion et ne peut dire si ces falaises s’affaissent en moyenne de centimètres par année, plus ou moins. Il est certain par contre que la mer gagnera.

Tobermory

21 réflexions sur « Du Pays de Galles à l’Ecosse »

    1. Bravo pour vos exploits et un grand merci pour les partager avec nous tous. Bonne continuation, bonne… dégustations des whyskies locaux (avec modération, bien sûr !), et meilleures amitiés.

  1. Merci pour le récit palpitant de vos aventures maritimes, lu presqu’en direct de Samnaun aux Grisons, vu que la Finlande nous a refusé l’accès à son territoire!

  2. Merci de vos magnifiques descriptions et de vos nouvelles
    Heureux de voir que les problèmes techniques se résolvent!
    Nous marchons dans les alpes fribourgeoises
    Différend mais bien aussi!
    Bises à vous deux
    Bernard et Elisabeth

  3. J’aime bien voyager avec vous sur ces mers du nord de l’Europe. Sauf la pluie tout est beau. Sympa Ophélie me rappelle un tableau mais de qui? J ai oublié. C était dans mon cours d histoire d3 l’art à l EPFZ.
    Mon meilleur bonjour des canicules du Valais. Qui ne durent pas trop longtemps mais ça fait mûrir les figues. J en ai maraudé déjà 3.

  4. Bouduuu…(comme disent les gens du midi) Quel terrain de jeu, si l’on peut dire ! Chaque jour de navigation vous réserve son lot de surprises. Je vais voir si j’en rêve cette nuit. Mais non, pas du tout, vous êtes des pros 😘🌱

  5. Bonjour Les Amis,
    Cela fait envie de voyager, toutes ces belles images, et même le beau temps dans le nord. Sommes contents que vous ayez pu réparer le bateau. Profitez encore de votre voyage. Nous rentrons bientôt en Suisse pour repartir dans le Sud du Portugal avec Nicolas et Sébastien. Amicalement et bonne poursuite.
    Christiane et Jean-Louis

  6. Passionnant et vous êtes bien courageux et récit si bien documenté…bravo..on se réjouit de lire la suite..bisous..

    1. Nous aimons bien vous lire, quelles péripéties, quel rythme haletant, mais aussi quel mauvais temps, alors qu’ici il fait 30°.
      Nous sommes toujours étonnés du nombre de personnes que vous rencontrez ou que vous connaissez d’une manière ou d’une autre.
      Très heureux de savoir que le bateau est réparé (quel service ! ) et fiable.
      Bises Saskia et Daniel

  7. So interessante Berichte.
    Danke vielmals, gute Zeit und immer eine handbreit Wasser unter dem Kiel … 👍🏻👏🏻👏🏻

  8. Chers Thierry et Barbara, merci de tous vos récits. Ça a l’air passionnant mais quand-même plus difficile que sur notre Léman. Bonne suite à vous deux. Mariella

  9. Merci pour ce joli récit et belle photo de Troon avec le ciel bleu😉. Nous sommes contents d’avoir pu vous rencontrer à Troon justement, afin de partager des moments d’amitié.
    En attendant de pouvoir retourner sur notre bateau, on continuera à lire vos aventures, on aura un peu l’impression d’y être.
    Bon vent!

  10. Chers amis,
    Votre récit nous ramène 15 ans en arrière.., Je crois que nous n’avons raté aucune des étapes que vous mentionnez , y compris la marina de Craobh Haven où notre bateau a passé deux hivers… peut-être le garde-port se souvient-il « d’un bateau rouge battant pavillon suisse et sans quille( dériveur intégral oblige) »
    Eh oui Thierry… ne jamais oublier que la vitesse-surface du bateau ne doit pas chuter, même avec 8 noeuds de courant dans les fesses! Il FAUT RESTER MANŒUVRANT…..quelques jolis stress à l’approche des balises!
    Bien à vous deux.
    Annick et Claude

  11. Quelles belles expériences , découvertes et rencontres ! Et tellement bien relatées ! Merciii de voyager avec vous à travers ces images et ces mots !
    Bisous !

  12. Merci pour votre récit! C’est toujours un plaisir de vous lire et j’ai parfois la sensation de faire partie de votre voyage.
    Bravo à Ophélie qui a très bien géré ce moment de navigation pas si aisé que ça…

    Amitiés!

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